Quand la premire Constitution suisse a ŽtŽ Žcrite en 1848, il n'y avait ni tŽlŽphones, ni voitures, ni tŽlŽvisions. Certes quelques fortunes considŽrables s'Žtaient constituŽes gr‰ce aux colonies des autres, de nombreux Suisses pauvres Žmigraient, mais rares Žtaient ceux qui avaient fait des voyages Çoutre-merÈ, ou mme ˆ Paris ou ˆ Rome.
Cependant en 6 phrases, le prŽambule de cette Constitution de 1848 parle de respect de l'autre, d'ŽquitŽ, d'esprit de solidaritŽ, d'ouverture au monde, de responsabilitŽs envers les gŽnŽrations futures, et conclut par cette formule: Çla force de la communautŽ se mesure au bien-tre du plus faible de ses membresÈ.
Il est banal de rappeler que le monde a profondŽment changŽ depuis 1848: nous achetons des morilles et des jouets chinois, nous nous chauffons au gaz russe et nous roulons au pŽtrole libyen. Les ŽpidŽmies, les drogues, les dŽchets et le climat se moquent pas mal des frontires. Il n'y a plus de dŽfi d'envergure qui puisse se rŽsoudre dans le cadre Žtroit de nos limites cantonales ou nationales. Notre communautŽ est devenue mondiale, et sa force laisse passablement ˆ dŽsirer si on la mesure au bien-tre du plus faible, comme il y 162 ans. AujourdÕhui, plus dÕun milliard dÕtres humains continuent de souffrir de la faim.
Les constituants de Genve devront se prononcer prochainement sur une pŽtition collective de la FŽdŽration genevoise de coopŽration, qui regroupe une cinquantaine dÕassociations genevoises actives en Afrique, en AmŽrique latine et en Asie. Nous demandons l'inclusion dans la nouvelle Constitution genevoise d'un article se rŽfŽrant ˆ la solidaritŽ internationale.
Les Nations Unies estiment que si les vingt-deux pays les plus riches consacraient 0.7% de leur PIB ˆ la coopŽration internationale, les moyens suffiraient enfin pour enrayer la famine et la pauvretŽ extrme dans le monde. Certes, la ConfŽdŽration est responsable en premier lieu de la politique extŽrieure du pays. Mais les enjeux du dŽveloppement durable dŽpassent largement ce cadre. Les dimensions sociales, environnementales et Žconomiques du futur que nous laisserons ˆ nos enfants impliquent un engagement de toutes les collectivitŽs publiques, chacune ˆ son niveau.
Le Canton de Genve et de nombreuses Communes se sont dŽjˆ engagŽs dans cette voie. Ils consacrent des montants croissants ˆ la solidaritŽ internationale. Ils prŽfrent gŽnŽralement soutenir des projets de petite Žchelle, entrepris par des associations locales. Cette coopŽration ˆ visage humain rapproche des habitants de notre pays ˆ leurs partenaires du Sud; elle est complŽmentaire aux efforts dÕune autre Žchelle soutenus par la ConfŽdŽration.
Mais le dŽveloppement durable pensŽ dans une perspective globale ne se limite pas ˆ des projets pour les dŽfavorisŽs des pays du Sud. Il demande aussi un engagement ici en pensant ˆ lÕimpact de nos activitŽs sur ces populations. Cela implique que le respect de lÕenvironnement, la promotion Žconomique du Canton, la politique dÕachat des collectivitŽs publiques, la transparence et la responsabilitŽ sociale des entreprises actives dans le canton s'inscrivent dans ce mme engagement pour un dŽveloppement durable. Dans le mme esprit, le commerce Žquitable doit tre encouragŽ.
Genve profite largement et est fire de sa vocation internationale. Il est temps que son engagement pour la solidaritŽ internationale et le dŽveloppement durable soit inscrit dans sa Constitution.
Olivier Berthoud
SecrŽtaire gŽnŽral de la FŽdŽration genevoise de coopŽration
PubliŽ par la Tribune de Genve le 15
dŽcembre 2009